Répression anti-syndicale

Par message du 13 septembre 2006, la Cgt du CAS-VP informait les agents que le meeting d'information syndicale se tenait finalement sur le parvis de Montparnasse, ceci en rectification de l'annonce initiale et de l'autorisation donnée par l'administration.

Cet état de fait résulte de la volonté de nos patrons de limiter le droit des salariés à se rendre aux manifestations syndicales.


En effet, la Cgt du CAS-VP avait fait une demande pour une réunion d'information syndicale qui se tiendrait sur le parvis de la gare Montparnasse. Ce meeting était à l'initiative de la confédération régionale Ile de France de la Cgt.

L'administration avait manifesté son refus de donner cette autorisation sous le prétexte que cette rencontre ne se passait pas dans les locaux de l'employeur.

Elle se référait au texte qui stipule : "les réunions syndicales peuvent se tenir dans les locaux de l'administration".

Un peu d'analyse et d'histoire sont nécessaires. Cette phrase est bien à comprendre comme une possibilité et non une obligation. En effet, ce texte a été promulgué dans le cadre d'une ouverture de droit pour mettre fin à une époque où le patron administratif usait notamment de cette possibilité d'empêcher toutes activités syndicales dans ses locaux.

Le résultat des luttes permit une liberté syndicale y compris même au sein de l'enceinte de l'entreprise ou du service.

Aujourd'hui, l'administration s’est servie de ce texte pour limiter ce droit et même l'annuler.

Il est remarquable de constater qu'en terme de lutte pour les libertés syndicales, rien n'est acquis.

Ceci étant, les choses ne s'arrêtèrent pas là. Appelée à préciser sa position, l'autorité patronale nous a fait savoir par la personne du sous-directeur du Centre d’Action Sociale de la Ville de Paris que cette réunion d'information syndicale n'en était pas une puisqu'il s'agissait d'un meeting.

On remarquera qu'entre temps, sans doute incertain de sa stratégie, l'employeur s'arme d'un nouveau motif tout aussi faible que le premier.

En effet, il est évident que depuis sa position dominante, l'employeur croit naïvement pouvoir fixer canoniquement le sens des mots et pouvoir dire ce qu'est la pratique syndicale.

Un meeting qui réunit un ensemble de syndicats d'une région pour communiquer les orientations des luttes et des pratiques ne saurait être une réunion d'information.

Il nous est donc apparu nécessaire de donner quelques informations aux brillants administratifs trop convaincus que leurs qualités pouvaient aussi s'appliquer aux domaines qui leurs sont étrangers :

La Cgt est une confédération et se réclame du fédéralisme en matière syndicale. Cela signifie que l'ensemble des salariés du syndicat se considère appartenir à un ensemble qu'on appelle classe salariée (ou classe ouvrière) et que le syndicat dans ses structures, sa pratique et son organisation doit tendre vers l'application de cette identité. Ceci sur le principe fondamental que les intérêts de tous les salariés convergent.

C'est donc dans ce cadre que la Cgt prend l'initiative de regrouper des salariés de divers horizons dans des réunions locales et confédérales que nous appelons « Meeting » depuis le 19ème siècle.

La position de l'employeur par la bouche du sous-directeur du Centre d’Action Sociale de la Ville de Paris ne nous est pas étrangère pour autant. Monsieur le sous-directeur du Centre d’Action Sociale de la Ville de Paris ne fait que défendre une position fort connue dans l'histoire du syndicalisme qui consiste à contester l'unité du monde salarié et défendre l'autonomie de chaque syndicat au sein de l'entreprise ou du service.

Cette position patronale a été combattue et continue de l'être par les syndicats de transformation sociale.

Cette position a été défendue et continue de l'être par les syndicats proches des "employeurs" et bien sûr par les employeurs eux-mêmes.

Monsieur le sous-directeur du Centre d’Action Sociale de la Ville de Paris nous assure savoir ce qu'est un meeting.

Nous lui assurons savoir ce qu'est un syndicalisme de lutte et un syndicalisme confédéral.

Ainsi, le meeting du 13 septembre 2006 a t-il permis aux agents présents de connaître les orientions de la Cgt et les perspectives de luttes bien au-delà de ce qui se passe au sein du Centre d'Action Sociale de la Ville de Paris.

Cette réunion aura permis de prendre acte des luttes de cette année écoulée, de l'unité des travailleurs lycéens et étudiants contre la précarité et de prendre en compte le formidable élan pris dans ce contexte. Ce fut également l'occasion de rappeler que l'Ile de France est forte de 5 millions de salariés et que cela constitue un formidable bassin de possibilités en terme de lutte et de mobilisation.

Enfin, dans ce contexte de rentrée et de mépris tous azimut pour le monde du travail, il est important de lutter et de se mobiliser pour les victimes de ce système que sont les exclus et notamment les expulsés de Cachan qui sont les otages d'une campagne électorale.

Il nous fut dit que tout employeur a la possibilité de réviser la grille des salaires.

Nous comprenons aisément que notre employeur ne veuille pas mettre parmi les libertés syndicales la possibilité de se rencontrer pour revendiquer sur une base commune.

Aussi, est-il peu surprenant qu'il utilise des arguments aussi nombreux que confus qui vont des considérations architecturales et de l'usage des bâtiments à sa mauvaise connaissance du syndicalisme et son mésusage du petit Robert pour la définition des termes meeting et réunion.

De notre coté, peu enclin à la polémique nous ne pouvons qu'inviter tous ceux qui se targuent d'avoir à dire quelque chose sur la pratique syndicale de venir fréquenter nos formations.

Bien évidemment, les motifs évoqués ci-dessus ne furent pas les seuls : l'ambiance festive annoncée sur notre documentation confédérale est également en cause, là encore nous découvrons la prétention démesurée de l'administration à vouloir fixer le standard de tout ce qui existe y compris de ce qui relève du bien propre du monde salarié : la pratique des luttes et sa forme.

Le salarié devra se réunir sous la forme la plus sinistre qui sied dans les réunions administratives. Manifestement, le ridicule n'effraie pas l'auteur de ces mots.

Pour finir sur cette note, le meilleur est arrivé lors du meeting lorsqu'un de nos camarades nous a rapporté que le CASVP exigeait un mot signé du syndicat pour justifier de sa présence au meeting en question.

La naïveté du monde de nos employeurs nous émeut. Cette conviction de propriétaire consiste a croire que le syndicat se réunit là où son maître lui dit de le faire, pour répéter les propos qu'il entend être les bons et enfin qui délivre son petit mot de présence à la sortie extérieure.

Nous attestons donc que nos camarades sont bien venus pour envisager des luttes qui ont vocation à mettre fin à tout cela.

cgt-casvp.syndicat@paris.fr