Une politique de pouvoir d'achat à 1 euro !

Dans un article du quotidien le Monde daté du 5 mars 2008 (voir l'article), Monsieur Christophe Girard, adjoint au maire de Paris chargé de la culture donne une idée assez précise de ce que le pouvoir municipal pense de la baisse du pouvoir d’achat :

A défaut d’avoir plus d'argent les salariés pourraient avoir le sentiment d'en posséder...

En effet, monsieur l’adjoint fait la proposition suivante : créer des billets de un euro en remplacement des pièces de même valeur pourra donner aux petites gens l’impression d’avoir le pognon qu’ils n’ont pas.

Loin d’être une ânerie de plus qu’un politicien poussé aux dernières extrémités pour se faire remarquer aurait pu éviter de dire, cette pensée qui pour n'être pas profonde en dit beaucoup. "Çà parle" comme dirait l'autre.

En effet, auparavant, le patronat, la bourgeoisie et le capital (pour employer des mots qui sont aujourd’hui déconseillés mais qui pour autant renvoient à des réalités bien présentes) employaient quelques subterfuges discrets pour manipuler les masses, invoquaient le devoir, les valeurs, les intérêts communs ou inventaient les effets d'une crise dont seuls ne souffraient vraiment que ceux qui n'ont que leur travail pour vivre.

L'épuisement des arguments nous conduit à entendre cela : on vous soumet directement la manipulation dont vous faites l'objet et on vous invite à en débattre pour y adhérer.

Le projet de la classe politique est clairement formulé, au slogan «changer la vie» de la gauche de 1974 se substitue le «donner le sentiment d'avoir de l'argent».

« Croquez des croûtons en pensant à de la brioche » , tel est le message qui vient de la Mairie de Paris.

C'est aussi un indicateur de la politique salariale de la mairie vis à vis des bas salaires : Vous vous sentez pauvres, tout est affaire de conviction et de sentiment, encore un effort, salariés, pour se sentir riche !

Nous ne doutons pas que la mairie, avec de si fins penseurs, va se trouver la panoplie de gadgets de communication pour vendre ses talents de gestionnaires à des salariés en perte de pouvoir d'achat, des temps partiels forcés, des précaires, des contrats aidés sans perspectives, des salariés malades en demi traitements, des personnes sans logement.

Le projet politique et social est désormais dans l'illusion à défaut d'être dans le réel. Ce qui est sans doute le plus étonnant c'est le toupet et la naïveté qui accompagnent de telles déclarations.

En vendant ainsi la mèche des petites recettes de la manipulation politique, le pouvoir nous apprend qu'il attend une adhésion sans sourciller voire une participation des masses à ce débat obscène sur la dissimulation de la perte de son pouvoir d'achat.

Car Monsieur Girard exprime bien qu'il n'est pas sûr que le pouvoir d'achat ait baissé : les salariés, eux, n'ont pas besoin d'attendre les statistiques officielles pour savoir que leur loyer, les denrées de base, leurs assurances et les transports ont augmenté et ce plus vite que les salaires puisque ceux-ci ne suivent même pas l'inflation (7% de pertes pour la fonction publique depuis 2000).

Il n'a pas en douter, avec de telles attitudes, le patronat et le capital peuvent dormir sur leur deux oreilles.

Au vu de ces éléments, force est de constater que seul le syndicalisme combatif constitue un rempart contre les attaques de la classe possédante et ceux qui se proposent de les servir sous forme de colporteur d'illusions auprès de la classe salariée.

Le syndicat Cgt entend être de ce combat, il ne peut l'être sans vous.

Au moment où les fortunes immenses se complètent ou se constituent, où les systèmes de protections sociales sont pris en main par le patronat et démantelés par lui, lorsque des politiciens comme Monsieur Girard envisagent de donner satisfaction en donnant des tickets de Monopoly ou en vendant des illusions, il apparaît clairement que les années à venir seront rudes pour nos droits et notre niveau de vie si nous ne réagissons pas.

Alors que les petits employés se débattent au quotidien, sont de plus en plus endettés, alors que les assistantes sociales de Paris actuellement mobilisées et en lutte sont les moins bien payées d'Ile de France et de plus en plus en but avec des usagers eux mêmes en souffrance grandissante, les salariés devront envisager de se mobiliser et ne pas accepter les grossières manipulations qui se dessinent et qui sont clairement avouées.
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La réponse de Christophe Girard à la réaction de la CGT