La situation sociale en France, au Centre d’Action Sociale de la Ville de Paris et à la Ville

27/28 avril 1789
A Paris, dans un climat alourdi par les difficultés économiques et l’effervescence des élections (préparation des Etats Généraux, peuple parisien mal représenté), la foule pille l’hôtel du fabricant de papiers peints Réveillon (Fg St Antoine). Elle ne vole rien : elle jette tout par les fenêtres …. Bon à savoir : Réveillon voulait baisser les salaires ! Le bruit courait dans Paris…. (Source Hist. et dict. de la révolution Française, Robert Laffont, Tulard, Fayard et Fierro).

Caterpillar, Continental, Molex. Ces trois noms résonnent dans le contexte actuel d’une actualité sociale débordée avec des pratiques de lutte que la presse ne sait ni ne peut plus taire : séquestration, grève, saccage de locaux.

La classe politique réagit avec ses termes et ses intérêts : compréhension, indignation ou mélange des deux…

Aux baisses de salaires, aux pertes d’emplois, aux promesses d’exclusion sociale, aux injections sans limite d’argent frais pour renflouer les dispositifs perdants d’un système né pour produire de la crise et en exiger réparation aux seuls salariés, le monde du travail répond par sa colère. Cette colère prend une forme sur le terrain même des entreprises et au plus près de ceux qui les dirigent.

Ces actions ne sont pas vaines. Ceux qui en doutent encore ne lisent pas la presse : suppression de parachutes dorés pour dirigeants de société en crise, doublement des indemnités de licenciement, amélioration des plans sociaux.

L’actualité nous confirme les leçons de l’histoire : la lutte paie, les rapports de force sont à construire.

Dans le même temps, la politique prend ses marques. Après un saccage sous forme de carreaux cassés, de quelques bureaux renversés dans une sous-préfecture pour protester contre le licenciement de 1100 salariés et la décision du tribunal administratif de confirmer la procédure choisie, la démonstration est faite que les ouvriers se sont soulevés. Le Premier ministre promet des poursuites, commente les propos d’un « de Villepin » sur le risque révolutionnaire. Il préfère parler de risque insurrectionnel (France Inter, 22 avril 09). Il y a un an, il promettait un bouclier fiscal en plein début de crise.

Le mouvement ne fait que commencer ; Pourtant, Madame Parisot, présidente du Medef vient de faire savoir de façon pitoyable qu’elle décelait des « micro-signes positifs ». L’évidence de maxi-signes négatifs ne semble pas suffire. On ne compte plus les astro-économistes qui annoncent d’évidents résultats positifs pour très bientôt.

A la colère des salariés en activité s’ajoutera bientôt celle de salariés actuellement ou prochainement privés d’emploi. Pôle Emploi est débordé, la CAF de même. On y instaure depuis peu les heures supplémentaires obligatoires.

La fonction publique sera sans doute présentée une fois de plus comme le lieu de tous les privilèges, histoire de faire oublier le malaise et les privilèges produits par et pour un patronat décomplexé par un libéralisme entretenu pendant des années.

La municipalité parisienne et ses salariés ne sont pas en dehors de ce contexte. Les pertes de pouvoir d’achat, la progression de la privatisation, la mise en concurrence des droits des agents avec le secteur privé et sa précarisation grandissante nous concernent tous. La municipalité revendiquait encore il y peu son militantisme libéral.

Les luttes des services publics parisiens n’ont pas encore la visibilité des spectaculaires mouvements venus du secteur industriel. Pour autant, les salariés trouvent peu à peu de plus en plus de motifs de se battre et ils le font déjà.

Perte du pouvoir d’achat, opacité du système pour limiter les primes, conditions de travail qui se dégradent, harcèlements, exclusions sociales par les mises en demi-traitement à la suite de maladie, répressions contre les mal-logés, etc.

A cela s’ajoutent d’autres réalités : une rupture évidente du dialogue social, des provocations répétées de la direction générale ou des directions locales vis à vis de salariés, de syndicalistes :

Pressions, manœuvres diverses pour imposer ou remettre en cause la réglementation, comité de prévention fantoche pour la prévention du harcèlement, salariés sans logement, trucage de PV de CAP, annonce de remise en cause des accords sur les RTT.

La colère a de bons motifs pour monter, elle en aura tout autant pour s’exprimer. Manifestement les autorités de la ville et du CAS ne savent pas lire une situation sociale et multiplient les initiatives malheureuses avec une naïveté sans borne.

Dernièrement, la mairie de Paris a opposé l’argument de la crise contre hausse des plus bas salaires (qui ne souffrent pas de la crise et de la hausse des prix, c’est bien connu). Elle veut aller plus loin en remettant en question les RTT («Les RTT des personnels sont exorbitants » selon la Mairie de Paris) ou remettre en cause les primes  (Delanoë : « Les indemnités ne règlent pas la question des salaires »)

D’ores et déjà, il faut nous organiser.
Ne laissons pas, ne laissons plus faire.