● Esclavage / Traite négrière : Un crime contre l'humanité qui doit être réparé ! Commémoration le samedi 10 mai 2014

Dans ce mouvement qui doit s’enraciner en France, le collectif des Originaires de l'Outre-Mer de la CGT entend prendre toute sa place aux côtés des forces qui font avancer cette cause!

Un passé pas si lointain...
Regarder le monde tel qu’il est aujourd’hui nécessite de se pencher sur un double processus - la traite négrière et l’esclavagisme - qui a laissé des séquelles sur plusieurs continents, notamment l’Afrique et l’Amérique. De fait, ce passé n’est pas si lointain si l’on ajoute aux quatre siècles d’esclavage, un siècle de travail forcé qui n’a été aboli qu’à la fin de la seconde guerre mondiale. Vouloir réparer, c’est donc analyser les conséquences du passé sur le présent pour construire un avenir meilleur!

Pourquoi des réparations ?
Cette question apparaît encore incongrue en France alors qu’elle fait l’objet de débats publics et de mesures concrètes dans de nombreux pays. D’ailleurs, la loi Taubira de 2001 prévoyait explicitement de “déterminer le préjudice subi et d’examiner les conditions de réparation due au titre de ce crime”, avant que ce passage de la loi ne soit retiré au dernier moment !
Ce que demandent les forces regroupées autour de cet appel unitaire, c’est d’appliquer à la traite négrière et à l’esclavage une politique de réparations mise en œuvre à la fin des guerres, lors des catastrophes sanitaires, environnementales... L’histoire de l’Humanité est ponctuée de réparations mais, en la matière, ce sont les colons qui ont été indemnisés, soit par l’État (décret de 1848), soit par les esclaves eux-mêmes dans le cas d’Haïti !
Cette revendication historique ne date pas d’aujourd’hui : les premiers à avoir mené ce combat sont les esclaves eux-mêmes !

Rien ne peut justifier d’abandonner ce combat !
L’idée que l’esclavage a toujours existé nous est souvent opposée quand on parle de réparations. Mais l’esclavage dont nous parlons a été un véritable processus “industriel”, intercontinental et d’une durée jamais vue à l’échelle de l’humanité.
De plus, les traces économiques, sociales, culturelles de ces crimes contre l’humanité sont connues, tout comme est connu le rôle des États, celui des banques et des institutions financières. Ainsi, la problématique des réformes agraires nécessaires - sur la propriété des terres et la finalité des cultures - est en prise totale avec cette question historique.

Avec le Collectif DOM CGT et les signataires de l'appel, 
commémorons ensemble le samedi 10 mai 2014
Rendez-vous Square Edmond Rostand (face au Sénat)
à partir de 9 heures (station RER Luxembourg)

Les réparations dans l'histoire
Les réparations... pour les propriétaires !
Le décret de 1848 abolissant l’esclavage prévoit que « l’Assemblée nationale réglera la quotité de l’indemnité qui devra être accordée aux colons ».

Le prix de l’indépendance : Haïti
Pour maintenir son indépendance acquise en 1804, la République d’Haïti devait s’acquitter du versement d’une soulte de 150 milliards de francs-or, ramenée à 90 millions en 1838 (équi valent à 21 milliards de dollars), dont la majeure partie à des banques françaises.
La dette sera définitivement honorée en 1883, mais les inté rêts et emprunts nécessaires ne seront totale ment remboursés qu‘en 1946 !

L’Afrique saignée à blanc
Les études font état de 12 à 18 millions d’Africains déportés. A ce chiffre, il faut ajouter les victimes décédées sur le sol africain, en ten tant d’échapper à la capture. On estime que pour un africain déporté vivant, trois ou quatre per sonnes sont mortes.
Il y a donc eu de 36 à 72 millions de victimes de la traite pendant ces quatre siècles. Le continent africain compte au début de la traite 50 millions d’habitants...

Le travail forcé
En juin 1930, une convention internationale ten dant à l’interdiction du travail forcé dans les colonies est élaborée par le Bureau international du travail. Trois Etats refusent de la ratifier : la France, la Belgique et le Portugal
Il faudra attendre 1946 pour que l’Assemblée nationale constituante adopte l’abolition du tra vail forcé suite à la proposition de loi défendue par le député Félix Houphouët-Boigny : «Art. 1er. Le travail forcé ou obligatoire est interdit de façon absolue dans les territoires d’outre-mer».

17000 morts pour 500 km de rail...
« La région du Congo, très peu peuplée, n’était évidemment pas capable de fournir les effectifs nécessaires. Il fallut faire venir des populations originaires du Moyen-Congo, du Tchad et de l’Oubangui-Chari (...).
Le grand reporter Albert Londres avança le chiffre de 17000 morts. Il n’était sans doute pas loin de la réalité, les études réalisées ultérieurement confirmant cet ordre de grandeur (...).
A l’issue de ce gigantesque chantier, le Congo était exsangue...» Jean Monville, ex-PDG de Spie-Batignolles dans Une histoire de Spie. Naître et renaître à propos de la ligne ferroviaire Brazzaville - Pointe Noire.