● Centre d'Action Sociale de la Ville de Paris - Mobilisation record le 8/12/2016 des services sociaux polyvalents et des PSA (travailleurs sociaux, agents des accueils, secrétaires...)

C'est un immense ras-le-bol qui s'est exprimé le 8/12/2016 devant la salle Olympes de Gouges dans le 11ème arrondissement où se tenait la journée des intervenants sociaux.
Nous n'acceptons plus la destruction progressive des conditions pour exercer notre métier dans les règles de l'art, que nous soyons travailleurs sociaux ou administratifs.


Nous ne sommes soutenus ni par nos élus, ni par une direction du CASVP qui n'entend pas notre colère. 

L'annonce par le cabinet de Dominique Versini, adjointe à la maire de Paris en charge de l'aide sociale qu'aucun élu n’était disponible pour recevoir une délégation du personnel le 8/12 dans l'après-midi montre à quel point ces gens là sont très éloignés des réalités des services.

Après un blocage de la salle, Mme Pouyol directrice du CASVP et son adjointe Mme Benoit nous ont en définitive reçus en fin d'après-midi... Cet "échange" nous a permis de réaffirmer nos revendications. Une délégation sera reçue lundi 12 décembre 2016 à 11h00 par le cabinet de Mme Versini.

Compte rendu

Mme Pouyol nous dit être consciente qu'il faut des créations nettes de postes dans les services sociaux mais que ceux-ci se feraient au détriment d’autres services du CASVP par redéploiement.

Une position inacceptable et inentendable alors que tous les services du CASVP sont en sous-effectif partout... Le redéploiement mis en place par la Mairie de Paris est bien la machine à diviser les agents qu'il faut absolument briser. Nous refusons bien évidemment des créations de postes sur ce mode infernal du redéploiement.

L'intersyndicale a néanmoins insisté sur la finalité des postes d'encadrants +++ instillés par les politiques (CST : Coordinateur Sociaux de Territoire, DST : Directions Sociales de Territoires) qui eux ne nous paraissent pas du tout indispensables. Si les niveaux d’encadrements se multiplient au fil des années, c'est sans aucun apport pour les agents de terrain...

Mesdames Pouyol et Benoit, Messieurs Copel et Quenum ont insisté très lourdement sur le fait qu'à ce jour la direction du CASVP ne disposerait d'aucun outil pour "objectiver la mesure de la charge de travail". Pour lire entre les lignes, ils sont en train de nous en préparer un d'outil informatique de mesure du travail social...
Après ISIS, c'est un nouveau système d’évaluation de la charge de travail qui devrait faire son apparition dans les services. Une bombe à fragmentation dans le champ du Centre d'Action Sociale de la Ville de Paris... 

Déjà des dégâts considérables ont été causés par les contrats d'objectifs, la démarche qualité, l'informatisation à outrance dans le seul but de contrôle...

Une culture de la performance qui dresse les agents les uns contre les autres. Il va donc falloir s'y opposer de manière radicale.

Les points abordés à l'audience

1 Remplacement des temps partiels

La direction refusait d'entendre cette légitime demande le 5/12/2016 lors de la négociation dans le cadre du préavis de grève du 8/12. Au vu de la mobilisation, elle va réfléchir à cette revendication mais à minima...

2 Régime indemnitaire

La demande de l'ouverture d’une discussion sur ce point est bien enregistrée.

3 Les 4 jours de récupération

Un assouplissement de la législation sera cadré prochainement par une note de service. A voir donc...

5 Sur la perte de sens, le fait que nous sommes en souffrance éthique, que nous demandons le respect de nos métiers, les réponses se font attendre.

En conclusion, nous avons tous compris qu'il est venu le temps de réagir, nous sommes en train de le faire et il va falloir tenir la belle mobilisation en marche. 

Merci à tous les collègues qui se sont mobilisés, ne lâchons rien !
333 agents étaient en grève le 8/12/2016  (SSP et PSA) - chiffres SRH du CASVP forcément sous estimés.

Une délégation sera reçue lundi 12 décembre 2016 à 11h00 par le cabinet de Mme Versini.
A suivre donc...




Les travailleurs sociaux de la ville de Paris manifestent face au manque de solutions pour les précaires- LE MONDE | 08.12.2016

200 fonctionnaires ont débrayé jeudi pour dire leur ras-le-bol et leur épuisement. Une mobilisation inhabituelle.

 «  Travail social en danger », « assistants sociaux en colère », « Dominique Versini, adjointe à la maire de Paris chargée de l’action sociale, écoute la détresse des Parisiens ! » Tels étaient les slogans scandés par quelque 200 travailleurs sociaux de la ville de Paris, qui débrayaient jeudi 8 décembre à l’appel de six syndicats unis pour l’occasion.

La mobilisation est exceptionnelle pour ces 1 000 fonctionnaires peu syndiqués et peu habitués à faire grève, tant ils répugnent à pénaliser les plus précaires qu’ils sont chargés d’aider.

Ces soldats du social, en première ligne sur le front de la pauvreté qui s’aggrave, étaient venus témoigner leur ras-le-bol devant la charge de travail qui s’alourdit avec un public de plus en plus nombreux et en grande difficulté sans que les effectifs suivent. Les absences et les temps partiels nombreux dans cette profession jeune et féminine ne sont pas remplacés et retombent sur les collègues.

Ils ou plutôt elles – la profession compte 90 % de femmes – sont aussi venus dire leur épuisement, voire leur écœurement devant un travail « qui n’a plus de sens tant on a peu de solutions à proposer. On n’a pas de places d’hébergement, le 115 ne répond plus. C’est extrêmement violent d’annoncer à une famille qu’elle va dormir cette nuit dehors, témoigne Severine Parrot, déléguée FSU. Parfois, on fait les permanences la boule au ventre. »

« C’est un flux continu de réfugiés, de migrants. On accueille mal les gens, on n’a rien à proposer », renchérit un agent d’accueil à la permanence des sans-abri, qui préfère comme la plupart garder  l’anonymat. « Moi je me demande pourquoi je fais ce boulot, d’ailleurs les familles nous le disent : vous parlez, mais à quoi servez-vous ? », confirme une assistante sociale dans le 20e arrondissement.
Plus de pression depuis une nouvelle organisation

C’est aussi la pression du chiffre : fournir toujours plus de statistiques, justifier chaque tâche qui exaspère. « Obtenir une aide financière est de plus en plus complexe, il faut tout justifier, la demande se fait en ligne et donc les bénéficiaires ne peuvent le faire », raconte Elodie, qui travaille dans le 15e.

La pression s’est intensifiée avec le « Nouveau Paris solidaire », selon l’expression d’Anne Hidalgo, une nouvelle organisation mise en place en 2016 qui redéploie les effectifs mais ne les augmente pas. « On oriente une famille vers une association, il faut le dire au logiciel; on obtient un colis alimentaire, il faut remplir les cases. Autant de temps à nourrir les logiciels qu’on ne passe pas à écouter et à comprendre ! », témoigne Deborah, assistante sociale dans le 14e arrondissement.

Cette informatique de plus en plus envahissante, ces fichiers collectant des données sensibles sur les familles bénéficiaires qui prolifèrent et circulent entre services posent un « problème d’éthique ». « Je sais que cette famille a réclamé, il y a près de dix ans une aide, et alors ! Il y a un droit à l’oubli ! », s’indigne Deborah. « Notre but c’est que quand quelqu’un sort de notre bureau, il aille un peu moins mal que lorsqu’il est entré », conclut cette syndicaliste.

Jeudi, les manifestants ont tambouriné à la porte du centre social Olympe de Gouges dans le 11e arrondissement, où se tenait la coordination annuelle des cadres de l’action sociale parisienne, copieusement hués à leur arrivée, notamment celle de Florence Pouyol, directrice du Centre d’action sociale de la ville de Paris (CCASVP).
Les manifestants auraient souhaité rencontrer des politiques : Anne Hidalgo, la maire de Paris, ou son adjointe à la solidarité Dominique Versini, ou Emmanuel Grégoire, chargé des ressources humaines. « Il ne peut nous recevoir il est à la fédération du PS, une espèce en voie de disparition », annonce un représentant de la CFDT dans le mégaphone.

Les travailleurs sociaux n’obtiendront que quelques minutes d’entretien avec Mme Pouyol, qui a consenti à s’extraire un instant de la réunion sous l’œil attentif de cinq CRS dépêchés pour l’occasion.


http://www.lemonde.fr/societe/article/2016/12/08/les-travailleurs-sociaux-de-la-ville-de-paris-manifestent-face-au-manque-de-solutions-pour-les-precaires_5045979_3224.html