En augmentant la CSG de 1,7 % pour les salariés et
retraités, le Gouvernement accentue une nouvelle fois le transfert du
financement de la sécu des cotisations sociales vers l’impôt et la
fiscalisation.
Ce transfert s’est continuellement accru depuis la création
de la CSG par le Gouvernement Rocard en 1991 jusqu’au Gouvernement Jospin en
1998 ou la CSG est passée de 1,1 % à 7,5 % pour les salariés et 6,6 % pour les
retraités.
La CSG, cet impôt injuste est financé par les salariés et
les retraités à hauteur de 89,6 % au détriment des patrons qui en sont
épargnés.
Depuis sa création, les hausses successives de la CSG ont
souvent été compensées par des baisses de cotisations sociales, en particulier,
de cotisation « patronales ».
Si bien qu’aujourd’hui, ce que l’on paye en CSG était
naguère payé par les employeurs.
La contrepartie des baisses de cotisations maladies et
chômage (3,10 %) des salariés, annoncées pour « soi-disant » améliorer leur
pouvoir d’achat, n’est qu’un leurre et aura un effet boomerang dévastateur avec
la diminution du salaire socialisé (salaire net + cotisations sociales) et des
droits collectifs (retraite, remboursements maladie, allocation chômage etc…)
qui en résultent.
Qu’est-ce que le salaire socialisé ?
Les cotisations sociales constituent un élément du salaire.
Elles sont immédiatement transformées en prestations par la sécurité sociale
(pensions de retraites, allocations chômage, prestations maladies etc…).
La cotisation sociale est, comme le salaire direct, prélevé
sur la valeur ajoutée, c’est-à-dire les richesses produites par les salariés.
Augmenter les cotisations sociales, comme augmenter les salaires nets, c’est
faire reculer le profit -on a ainsi une opposition entre salaire et profit-
quand l’un augmente, l’autre recule.
Au-delà de ces ajustements d’apothicaire, le Gouvernement ne
dit rien des 80 milliards d’euros perdus chaque année à cause de la fraude
fiscale. Il n’a pas non plus commenté les bénéfices des entreprises du CAC 40
passés de 55 milliards d’euros en 2015 à 77 milliards d’euros en 2016 et encore
moins le montant total des dividendes distribués en 2017 (44 milliards d’euros,
un record depuis 2006).
Quant aux retraités, c’est la double peine, puisqu’ils
subiraient l’augmentation de 1,7 % de la CSG sans aucune contrepartie, dès lors
que leur pension dépasse 1 200 euros par mois.
À titre d’exemple, cela représentera une ponction de 306
euros par an pour une pension de 1500 euros.
Un sale coup qui vient s’ajouter à une série de pilules
amères imposées aux retraités ces dernières années :
► Absence de revalorisation des pensions depuis 4 ans
► Instauration d’une taxe de 0,3 % (CASA) au titre du
financement de l’aide à l’autonomie
► Suppression de plusieurs avantages fiscaux come la ½ part
pour les veuves et veufs ayant élevé un enfant, etc….
Nous récusons le chantage démagogique et dangereux fait par
le Gouvernement pour faire passer la pilule de l’augmentation de la CSG de 1,7
% pour les retraités avec la suppression de la taxe d’habitation pour 80 % de
foyers fiscaux (18 millions de ménages).
Cette mesure entrainera un manque à gagner de 10 à 15
milliards d’euros pour les collectivités territoriales (soi-disant compensées
par l’Etat).
Cette politique s’inscrit dans la droite ligne de ce qu’on
subit depuis plusieurs années, avec une baisse des dotations de l’Etat aux
collectivités de près de 10 milliards d’euros, assortie de cadeaux aux
entreprises avec le pacte de responsabilité et le CICE.
Cela conduit inévitablement vers moins de services publics,
moins de vitalité dans l’ensemble des territoires et surtout beaucoup
d’inégalités.
Par cette mesure, l’Etat pourrait « prendre la main » sur
les dépenses des collectivités territoriales et s’en servir de levier pour
réduire la masse salariale des services publics territoriaux avec des milliers
de suppressions de fonctionnaires.
Au lieu de s’attaquer aux insuffisances des recettes
allouées au financement de la Sécurité Sociale, les pouvoirs publics veulent la
suppression des cotisations sociales au titre de l’assurance maladie et de l’assurance
chômage.
En augmentant la contribution sociale généralisée, les
pouvoirs publics veulent étatiser toujours plus la protection sociale. C’est la
baisse de la part socialisée du salaire qui est recherchée alors que ce sont
les salaires et les traitements qui doivent être augmentés !
La CGT ne cautionne pas le chantage du Gouvernement visant à
remettre en cause les principes de financement de la protection sociale bâtis
par Ambroise Croizat en 1945.
La CGT exige une véritable augmentation des salaires et
pensions dans le cadre d’une augmentation du pouvoir d’achat permettant une
relance de l’économie et des conditions sociales des salariés et retraités.